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Compagnie du Mangeur d'Ombres

 

Conception, écriture, scénographie et mise en scène :

JC Gary

Assistance conception et mise en scène :

Julie Colom

Régie technique :

Paul Colom

Costumes :

Eve Meunier

 

Distribution :

Julie Colom

Caroline Baux

JC Gary

« Les jointures des os du bœuf comportent des interstices et le tranchant du couteau (du boucher) n'a pas d'épaisseur. Celui qui sait enfoncer le tranchant très mince dans les interstices manie son couteau avec aisance, parce qu'il opère à travers les vides. »

Xuan-Zu, « Principe d'hygiène. »

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Trois ans après Escurial, cette sombre et sublime joute entre le Roi et Folial, nous voici désormais plongés dans le cerveau de Terpsichore Zanghay. La dualité est toujours présente, par cespersonnages qui semblent à l'étroit dans un seul corps : le Présentateur de Lumière, La Mère et La Compteuse. C'est aussi la dualité d'un personnage aux prises avec les souvenirs d'une tragédie intime.Nous avons décidé de projeter le carnet de Terpsichore Zanghay sur scène, d'en présenter l'essence aux spectateurs, afin qu'ils découvrent Terpsichore Zanghay tel que nous l'avons découvert nous-mêmes: complexe, déroutant. Dans la superposition des masques, il est toujours une réalité qui rampe.

« L'important dans l'écriture ce n'est pas ce qui est écrit –c'est précisément ce qui n'est pas écrit. »

Claude Régy

 

Esthétique du labyrinthe

 

Spirale de la coquille, spirale de la vie, dont les évènements s'enchaînent comme autant de fils emmêlés dans une vaste toile. Les labyrinthes archaïques ont été conçus sur des bases spiralaires. Le fil qui se mêle aux autres trouve son pendant dans l'autre fil, celui qui guide. Tout labyrinthe possède son Ariane. Dans ce labyrinthe qu'est l'homme, en l'occurrence Terpsichore Zanghay, le monstre (Minotaure, Loup, Léviathan), de même qu'Ariane, est l'autre tout autant que lui-même.Terpsichore a été un homme conscient : conscient de sa différence, conscient de sa solitude,conscient de sa faiblesse – sinon de la folie qui le rongeait. Le carnet n'est pas un simple livret de confidences, il est un carnet du doute. Terpsichore doute de lui-même comme il doute de l'homme. Il doute de tout, jusqu'à l'existence d'une supra-réalité, remise en scène tous les dimanches, lorsque la famille se rend à l'église pour assister à la messe. La folie est une coquille, elle est à la fois protection et enfermement, repli sur soi et fuite dans ununivers soluble, constellé de correspondances. Nous avons conçu la représentation du carnet deTerpsichore Zanghay comme ce carnet nous est apparu : fractal.

 

Esthétique du fragment

« Un fragment est un caillou jeté dans le vide. »

Anne Coquelin

L'Europe a toujours vécu dans un rapport Apollinien à la beauté : goût pour la tranquillité bienheureuse, le bien-formé, le permanent. Face au lumineux Apollinien, c'est l'horreur Dionysiaque qui campe l'effroi, qui cristallise les peurs liées à la part obscure de l'être. Pourtant, l'humain est situé dans le juste milieu : à la fois lumineux et obscur. A trop rejeter l'obscur, l'enfouir dans les sous-sol, les catacombes finissent par vomir le trop-plein. L'être explose, son unité feinte se disloque. Dès lors, l'homme n'est plus que ce qu'il devrait être, de par sa nature moléculaire : un amas de fragments qui disparaissent, apparaissent, créent au fil des révolutions de nouvelles illusions. L'essence, elle, est dans le vide.

 

Ecriture de la conscience et carnet du doute

 

Deux alternatives s'offrent à l'être humain : l'ignorance, gage d'une quiétude de surface, rassurante, mais erronée (le bienheureux risque de se retrouver plongé dans le malheur si laconscience le rattrape) – ou la conscience, qui implique d'abord de souffrir, puisque l'être apprenant ne distingue pas souffrance et douleur. Avec le temps, la douleur reste, puisqu'elle est consubstantielle à l'homme, mais la souffrance disparaît ; elle est précisément la réaction de l'homme face à la douleur – et le plaisir lié à la douleur est un masque supplémentaire.Terpsichore Zanghay n'a pas vraiment choisi : il s'est brutalement retrouvé précipité du côté de la conscience, saisi dans le cocon des jeux de l'enfance.Terpsichore se construit une nouvelle identité : Terpsichore Zanghay n'est pas TerpsichoreZanghay, il fragmente au fil des pages des bris de lui-même, des bris de sa vie qui résonnent comme autant d'échos. Passé, présent, futur, tout ne fait plus qu'un : contagion des lobes frontaux, siège de la planification, de la fabrique d'images, de la conscience de soi. La cabine de pilotage du cerveau est à la dérive.C'est à nous, lecteurs-spectateurs de ce carnet, de retisser du lien, de saisir des fils d'Ariane.

 

 

J'ai conçu ma dramaturgie sur la base d'un tableau vivant, un parcours offert à chacun. A chacun detenter d'élucider ou de se laisser embarquer. Ou de refuser, bien entendu – c'est une liberté fondamentale.

 

L’oeuvre reste ouverte.

 

J'imagine que le visible du spectateur est cette ultime fiction qui surgit à l'esprit du mourant, théâtre lynchéen, théâtre de la Cruauté, théâtre qui nous est apparu malgré nous, puisqu'il nichait au fond de nous.

 

Terpsichore Zanghay n'est pas Terpsichore Zanghay.

 

Nous n'aurons trompé personne.

TERPSICHORE ZANGHAY EST UN CARNET ROUGE

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